Vécu traumatique des patients en réanimation

Vécu traumatique des patients en réanimation

Vérifier le lien entre la qualité de vie des patients de réanimation telle que décrite dans la littérature et celle qu’on peut observer chez les patients au Togo, voilà l’objectif d’une recherche conduite par Monsieur ADANSIKOU Kouami, Psychologue de la santé Au Togo.

Il a ainsi mené de novembre 2006 à avril 2007 une étude prospective sur 95 patients suivis dans le service de réanimation polyvalente de l’hôpital Saint Jean de Dieu d’Afagnan.

Méthodologie

Sa recherche a consisté à recueillir directement par des entretiens semi directifs des informations sur le vécu des patients pendant leur hospitalisation en réanimation, puis dans les services de suite. L’observation au quotidien a constitué une source permanente de données autant sur le vécu que sur la restructuration psychique.

Résultats

Suite à cette étude, il est arrivé à la conclusion que la réanimation génère sa propre pathologie et révèle un état psychotiforme marqué par des cauchemars, des délires, des agitations et des hallucinations.

Il ressort d’une part de cette étude que le milieu réanimatoire constitue un monde psychotiforme marqué par 83.167% de cauchemars terrorisants, 69.47% des hallucinations auditives et visuelles, 66.31% de délires de réanimation et par 64.21% de troubles intellectuels et mnésiques.

D’autre part, le séjour en réanimation constitue pour les patients « un autre monde », une expérience traumatique extrême de part les vécus souvent évoqués. Dans 68.42% des cas, les patients vivent dans une inquiétude anticipatoire d’une fatalité, dans un état de stress permanent (67.38%). Cet autre monde est également vécu comme des cauchemars (83.137%) et comme un déchainement persécutif (70.53%).

La réanimation constitue pour ceux qui en sont revenus un « autre monde », un monde de traumatisme psychique marqué par des cauchemars, un déchaînement persécutif, une inquiétude anticipatoire dans un état de stress permanent.

Après y avoir été et en être revenu, on n’en revient jamais tout à fait comme avant.

Le vécu traumatique de la réanimation se traduit à court et à moyen terme par des complications somatiques et des névroses nosocomiales à l’instar des névroses post-traumatiques.

Il est important que les soins en réanimation et en post-réa soient repensés dans une étroite collaboration entre les médecins et les psychistes (psychologues et psychiatres).

Suggestions

Il serait important de renforcer la formation des soignants sur la prise en charge des sujets extrêmes.

Intégrer dans chaque centre hospitalier un service de psychiatrie et de psychologie médicale non seulement pour un meilleur équilibre physique et psychique des patients et de leurs familles mais aussi des soignants car ce qui est valable pour le patient doit l’être aussi pour le personnel qui vit, par empathie au moins, par compassion souvent, les Souffrances des malades et des familles.

Créer des centres d’écoutes et de prise en charge psychologique des traumatismes psychiques de quelque nature qu’ils soient.

Considérer le patient comme une complexité psycho-somatique et comme un partenaire de soin.

Savoir qu’un patient diminué est plus fragile qu’un verre et qu’un moindre geste fait si mal que l’on imagine qu’il est intentionné

Nouer une étroite collaboration entre médecin et psychologue pour une meilleure prise en charge aussi médicale que psychique des patients.

Favoriser un pèlerinage c’est-à-dire un retour ultérieur du patient en réanimation en signe d’hommage et de remémoration, car pour le sujet, c’est un lieu de conservation, de mémoire et sans doute un peu celui d’un délit.

Comprendre que plus l’échange humain est créé, et par un simple geste, un sourire, la tonalité dans une salutation, dans un au revoir, plus le séjour est rapide car, « Une route est moins longue à côté d’un ami, »

Se rendre compte qu’ils sont en face d’hommes et de femmes qui comme eux, ont des familles, des problèmes, des horaires, des fatigues, des intérêts, des passions des échecs et des réussites.

Prendre conscience que la réanimation et le vécu traumatique de la réanimation ne sont pas une fatalité.

Solliciter un soutien psychologique en cas des traumatismes psychologiques ou des réminiscences des événements vécus.

LA REDACTION

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