Comment aider une personne dépressive ?
Morose, irascible, renfermé, un de vos proches est déprimé. Sans cesse fatigué, il voit tout en gris et n’a plus confiance en lui. Quelle attitude adopter : compassion, assistance, sollicitude, accompagnement ? Comment être soi-même suffisamment fort pour le soutenir ? Comment réagir pour l’aider s’il ne veut pas se soigner ? Les réponses.
Eviter de culpabiliser la personne
Il faut donc abolir toute leçon de morale, toutes phrases telles que « tu t’écoutes trop », ou « avec de la volonté tu t’en sortiras ». Ces affirmations ont un effet dévastateur sur le déprimé. Elles accentuent souvent sa culpabilité. Si vous adoptez un tel discours, le déprimé perdra confiance en vous, risquant de se replier un peu plus sur lui-même.
Il ne faut pas non plus l’inciter à se ressaisir car il en est incapable sans aide. Vous risquez de lui faire prendre encore plus conscience de ses faiblesses. De plus, lorsqu’il vous parle de sa vision des choses, il est inutile d’évoquer la logique ou le raisonnable.
N’oubliez pas que la dépression est une maladie, dont la guérison dépend d’un traitement adapté. Votre proche en est la victime, il n’en est pas l’acteur. Demanderiez-vous à une personne atteinte de la grippe d’arrêter d’avoir de la fièvre ?
Prendre la maladie de la dépression au sérieux
Il ne faut pas non plus banaliser la souffrance de votre ami : inutile de lui dire « ça n’est pas grave », ou encore « chacun à ses propres problèmes ».
Le dépressif a besoin que l’on prenne sa souffrance au sérieux. Votre présence doit être rassurante. Sans glisser avec lui dans la dépression, accompagnez-le sans le bousculer.
Vous devez lui dire et lui faire comprendre (en lui répétant au besoin) qu’il n’est pas responsable de son état, et que vous le savez. Faites lui admettre que c’est une maladie, que la dépression est une maladie qui touche beaucoup de monde, et qu’elle se guérit. Proposez lui de consulter un médecin et d’en parler à un psychologue ou un psychiatre.
Offrez-lui un environnement positif
Les personnes dépressives ont tendance à voir tout en noir. Elles ont une vision négative d’elles-mêmes, du monde et de l’avenir.
Vous pourrez les aider en leur montrant toujours le côté positif de chaque chose et en les rassurant sur leurs potentialités personnelles. Montrez-vous sensible aux efforts faits par votre proche et souligniez-les (par la parole, un geste ou un sourire) afin de le valoriser.
Essayez de préserver votre propre enthousiasme et votre ouverture d’esprit pour le lui faire partager. Montrez-lui que vous l’écoutez avec attention et patience (même s’il a tendance à ressasser ou à rester sourd aux apaisements que vous venez de lui prodiguer).
Garder le contact avec lui
De nombreux dépressifs se coupent véritablement de leur entourage. Ils pensent que leur dépression doit rester secrète, ils éprouvent de la honte. En réalité, il vaut mieux garder des contacts et parler de sa maladie à ses amis est une aide précieuse.
Vous pouvez aider et motiver votre proche en l’invitant à faire avec vous des promenades, des sorties. Encouragez-le (sans le harceler) à poursuivre certaines activités qu’il apprécie (hobbies, sports ou activités culturelles).
Attention : brusquer votre proche ou lui imposer trop de sorties peut être contre-productif. Une personne dépressive se fatigue très vite car elle lutte en permanence contre sa fatigue et ses idées noires.
Évoquer les idées de suicide
Les idées de suicide sont fréquentes en cas de dépression, elles font d’ailleurs partie des symptômes de cette maladie.
Si la majorité des personnes en proie à des idées suicidaires ne feront pas de tentative, toutes les recommandations dans ce domaine sont unanimes : les idées de suicide peuvent et doivent être abordées par les proches, les professionnels et, de façon générale, par tous ceux qui se font du souci pour la personne.
La meilleure façon d’en parler est d’identifier ce qui fait souffrir la personne (être fatigué, ne pas pouvoir dormir, ne plus pouvoir aimer les siens, se sentir incapable…) et de poser quelques questions simples et directes : « Je comprends que trop de choses te font souffrir actuellement. Est-ce que, quand tu n’en peux plus, tu en arrives à penser au suicide ? ».
On croit à tort que parler des idées de suicide pourrait « encourager » la personne et de conduire à un geste suicidaire. Mais, c’est tout le contraire, quand les questions sont posées avec douceur et respect, la personne est soulagée que quelqu’un d’autre comprenne vraiment ce qu’elle endure et soit un témoin de sa souffrance.
Aider la personne à consulter, même s’il ne veut pas se soigner
Consulter un médecin rapidement est indispensable pour une bonne prise en charge de la maladie.
Si votre proche n’ose pas consulter, encouragez-le ou aidez-le à prendre rendez-vous chez un professionnel de santé, et éventuellement accompagnez-le.
Si la situation vous semble grave ou/et que votre proche est incapable de se décider, n’hésitez pas à appeler vous-même son médecin traitant pour une visite à domicile ou, dans les cas les plus extrêmes, à composer un numéro d’urgences médicales.
La souffrance est aussi pour les proches
Les proches de dépressifs ont eux aussi besoin d'être soutenus. Ils ressentent une profonde souffrance à l'idée de ne pas les rendre heureux.
Souvent, ils en viennent à se persuader qu'ils sont même responsables de sa maladie. N'hésitez donc pas vous aussi à rechercher de l'aide : vous ne pourrez soutenir vos proches si vous même avez besoin de soutien !
Vous avez des questions sur la dépression, ou vous souhaitez en savoir plus ? Demandez gratuitement une consultation auprès d’un spécialiste de notre magazine africain de psychologie ou posez votre question sur notre section « Questions » et n’oubliez pas de laisser votre avis en commentaire.
Avec Docteur Jesus Cardenas