« Arrête de faire semblant ! » ou quand la dysménorrhée détruit en silence
Vous la connaissez sûrement sous le nom « la maladie des filles », et vous connaissez sûrement une personne dans votre entourage qui en souffre. Nausées, vertiges, dépression, hypersensibilité, vomissement, atroces douleurs… chacune la vit à sa façon. On le voit de loin, surtout quand on ne se sent pas concerné… Mais quel est réellement l’impact psychologique de ce mal sur les femmes qui en souffrent ?
Qu’appelle t-on dysménorrhée ?
La dysménorrhée n’a pas fini d’être expliquée. La dysménorrhée est le terme médical donné aux douleurs abdominopelviennes qui précèdent ou accompagnent les règles (douleurs menstruelles). Ces douleurs durent en général un à trois jours ou plus.
On distingue deux types de dysménorrhée :
- La dysménorrhée primaire : Elle apparaît souvent dès l’adolescence et est causée par des contractions de l’utérus.
- La dysménorrhée secondaire : Liée à des pathologies sous-jacentes comme l’endométriose, elle est plus fréquente chez les femmes adultes.
1. La dysménorrhée et ses répercussions invisibles
Bien que les douleurs menstruelles soient perçues comme courantes, elles peuvent s’accompagner de conséquences émotionnelles importantes. Ces douleurs intenses et récurrentes mettent souvent les femmes dans un état de stress anticipatif, car elles savent que chaque mois peut être marqué par une perte de productivité, des absences et un repli social. Voici comment quelques lectrices interrogées le décrivent :
« Ca fait des années que ça dure, c’est comme si chaque mois je perdais le contrôle de mon corps et de ma vie. Pendant quelques jours, tout tourne autour de la douleur, et ça devient épuisant… Les gens ne comprennent pas que ça va bien au-delà d’un simple ‘mal de ventre’. » – Mme J., 20 ans, étudiante.
« J’essaie de vivre normalement, mais quand la douleur arrive, c’est comme si tout devait s’arrêter. Ce qui me dérange le plus, c’est que je dois souvent me justifier auprès des autres, trouver un motif « plus adéquat » pour justifier mes absences aux cours, comme si je devais prouver que je souffre vraiment. C’est affreux. » – Mme A., 24 ans, étudiante.
« Avoir mal au bas ventre » en milieu professionnel, vous savez ce que c’est ? Pour certaines femmes, la dysménorrhée affecte directement leur confiance en elles. Les absences répétées ou la difficulté à se concentrer peuvent laisser des traces psychologiques et miner l’estime de soi :
« Je suis censée être performante au travail, mais quand je suis pliée en deux de douleur, je me sens faible et inadéquate. J’ai l’impression que ça fait de moi une employée moins fiable. Je m’en veux parfois de ne pas pouvoir ‘faire avec’ comme certaines autres femmes. » – Mme A., 28 ans, fonctionnaire.
Avec le temps, le poids émotionnel de la douleur peut conduire certaines femmes à éviter les activités sociales, à se replier sur elles-mêmes, voire à tomber en dépression. Ce phénomène d’isolement est souvent lié à la peur d’être incomprise ou jugée par les autres :
« Je refuse souvent des invitations à sortir quand j’ai mes règles, car je sais que je ne vais pas pouvoir m’amuser ou rester longtemps. Avec le temps, j’ai perdu l’envie d’expliquer aux gens pourquoi. Le pire, c’est le sentiment de solitude, tellement on en parle peu, je me retrouve souvent à ruminer seule mes douleurs, ce qui alimente ma tristesse et mon anxiété. » – Mme C., 23 ans, étudiante.
2. Des solutions pour mieux vivre avec la dysménorrhée
a. Un suivi médical
Quoiqu’on en dise, la douleur est tout d’abord physique, le premier pas vers une meilleure qualité de vie consiste donc à consulter un professionnel pour trouver des traitements adaptés. Certains médicaments, la kinésithérapie, ou des solutions naturelles peuvent vous aider à atténuer les douleurs.
b. Techniques de relaxation et de gestion du stress
Vous remarquerez que plus vous vous attendez à ressentir de la douleur, plus vous êtes stressée, plus vous ressentirez de la douleur. La méditation, la respiration profonde et le yoga peuvent donc vous aider à réduire le stress et mieux gérer la douleur. L’acceptation de la douleur comme une composante (temporaire) de votre cycle menstruel peut aussi alléger le poids mental qu’elle représente.
c. Soutien psychologique
Vous pourriez discuter avec d’autres femmes qui vivent la même chose. Si vous sentez que vous n’arrivez pas à gérer votre douleur ou vos émotions qui sont exarcerbées par cette dernière, n’hésitez pas à consulter un professionnel pour retrouver confiance en vous et rompre avec l’isolement.
La dysménorrhée est une réalité physique et émotionnelle pour de nombreuses femmes, mais elle reste encore trop peu reconnue dans ses effets psychologiques. En attendant une technologie révolutionnaire qui permettrait de pouvoir faire ressentir aux autres la douleur que l’on ressent, il est important d’en parler ouvertement, d’écouter sans jugement et de trouver des moyens de soulager non seulement la douleur physique, mais aussi les souffrances invisibles qu’elle engendre.
N’oubliez pas, vous n’êtes pas seule !
Le meilleur s’installe en vous.