La santé mentale masculine en Afrique : un sujet tabou à briser

La santé mentale masculine en Afrique : un sujet tabou à briser

Dans de nombreuses sociétés africaines, l’homme est souvent perçu comme la figure de force et de pouvoir. Cette image est profondément ancrée dans les traditions et les valeurs culturelles, ce qui rend difficile pour les hommes d’exprimer leur vulnérabilité ou leur souffrance. Pourtant, cette attente sociétale peut entraîner des conséquences négatives sur la santé mentale et le bien-être des hommes.

A travers une histoire tirée d’un fait réel, cet article met en lumière les défis auxquels les hommes sont souvent confrontés dans la société moderne africaine et l’importance de créer un espace où ils peuvent exprimer leurs émotions sans crainte de jugement, pour une future génération masculine équilibrée émotionnellement.

le silence de Faure

Dans un petit village du Togo, loin des grandes villes où les voix s’élèvent pour défendre la santé mentale, vivait un homme nommé Faure. À l’image de nombreux hommes africains, Faure portait en lui le poids des traditions et des attentes sociétales. Son rôle était clair : être le protecteur, le pourvoyeur, l’irréprochable chef de famille. Mais derrière cette façade de force, se cachait une souffrance profonde, une douleur silencieuse qu’il n’osait partager.

Faure avait une vie apparemment parfaite. Marié à Dissirama, il était le père de deux adorables enfants. Cependant, à l’intérieur de lui, une tempête se formait. Dans sa jeunesse, Faure avait vécu des événements traumatisants : la perte de son père, les pressions financières, et des conflits personnels dont il n’avait jamais parlé. Dans leur culture, parler de ses sentiments était perçu comme un signe de faiblesse. Comme le disait son père, « un homme fort ne montre pas ses larmes ». La pression des normes masculines traditionnelles l’empêchait d’exprimer sa vulnérabilité, et il se retrouvait piégé dans une détresse émotionnelle.

Peu à peu, la souffrance de Faure s’intensifiait en dépression. Il se réveillait chaque matin avec un sentiment d’oppression et de désespoir, mais cachait sa douleur sous de faux sourires. Il travaillait dur dans les champs, mais ses pensées le poussaient vers l’abîme. Lors d’un échange avec Dissirama, qui cherchait à comprendre son éloignement, il répliqua sèchement : « Je n’ai pas le temps pour être faible ». Ce refus d’ouvrir son cœur ne faisait qu’accentuer sa solitude.

Un jour, après une période particulièrement difficile, Faure se retrouva à contempler l’acte ultime dans un moment de profonde désespérance. Il était convaincu que personne ne comprendrait, et que parler de sa souffrance le déshonorerait. Il prit alors une décision tragique : il s’enleva la vie, laissant Dissirama et les enfants dévastés et en proie au questionnement.

La mort de Faure frappa le village comme un coup de tonnerre. D’innombrables hommes, qui avaient également refoulé leurs émotions, réalisèrent que le silence autour de la santé mentale avait coûté la vie d’un des leurs. À l’enterrement, les pleurs ne provenaient pas seulement de sa famille, mais de la communauté entière, touchée par cette perte tragique.

L’histoire de Faure souligne l’importance critique de briser le tabou entourant la santé mentale masculine en Afrique. Les luttes de Faure n’étaient pas particulières ; elles reflètent une réalité partagée par de nombreux hommes africains qui, tout comme ce dernier, se sentent emprisonnés par les normes traditionnelle.

Cette histoire tragique de Faure constitue un appel à l’action pour que chaque homme réalise qu’il n’est pas seul dans sa souffrance et que parler de ses émotions n’est pas une faiblesse, mais une force. Se libérer de ces attentes traditionnelles peut mener à une vie plus enrichissante et authentique pour les hommes, leurs partenaires, et la société dans son ensemble.

Au besoin, vous pouvez prendre rendez-vous avec un psychologue pour un accompagnement psychologique.

Edmond Doguemsa BIRREGAH

Je suis BIRREGAH Doguemsa Edmond, Psychologue Clinicien et de la Santé, formé en neuropsychologie. Je suis praticien à l'ONG SAR-AFRIQUE (Kara, TOGO), sur un projet de développement de la résilience chez les Orphelins et Enfants rendus vulnérables par le VIH/SIDA, grâce à la Méthodologie de la Boîte à Mémoire. En tant que professionnel de la santé mentale, je trouve que la santé mentale doit devenir une priorité dans toutes les sociétés africaines, pour un avenir plus sain et plus juste pour tous.

20 commentaires sur “La santé mentale masculine en Afrique : un sujet tabou à briser

  1. C’est une histoire que tous les hommes doivent avoir l’opportunité de lire et comprendre que parler de ses émotions n’est pas signe de faiblesse mais plutôt de force. Les hommes n’ayez pas honte de parler de vos émotions. Certainement en parlant de sa vous aurez des solutions

  2. Bonsoir
    Le grand défi à mon avis c’est de faire connaître cette discipline qu’est la psychologie à nos populations. Les gens souffrent en silence et beaucoup ne savent pas vers qui se tourner.
    Quand on parle de cardiologue pédiatre gynécologue etc… beaucoup se retrouve mais quand il s’agît de psychiatre ou psychologue on se demande s’ils sont aussi des professionnels de santé. A quoi ils servent ?
    C’est le lieu de faire découvrir cette discipline à la population.

    1. Un aspect de cette société africaine qu’il faudra remodeliser. Une histoire très intéressante et qui pourrai servir d’exemple à la jeunesse africaine.

  3. Je trouve le sujet intéressant. Cette réalité sur la santé mentale masculine et d’actualité. Un homme qui parle de ses émotions est perçu comme un faible plus loin encore l’homme n’a pas le droit de manière inconscient ou le contraire d’exprimer ses sentiments.

    Merci pour le partage

  4. Cet article soulève un point crucial : la vulnérabilité masculine est souvent cachée en raison des attentes sociétales. Les hommes, contraints de masquer leurs émotions, sont privés de l’opportunité de les traiter de manière saine. Les psychologues jouent un rôle fondamental en offrant un espace sécurisé pour que les hommes puissent exprimer leurs sentiments sans jugement. Il est essentiel que cette dynamique évolue pour permettre un meilleur bien-être émotionnel et une plus grande authenticité dans les relations.

  5. Il est temps de normaliser le fait de parler de ses émotions, peu importe son genre. Partager ses difficultés, c’est un acte de courage, pas de faiblesse. En brisant le silence, nous pouvons sauver des vies et construire des sociétés plus solidaires.

  6. Tous, autant que nous sommes, nous vivons des traumatismes que nous préférons cacher. Comme on le dit souvent « les grandes douleurs sont muettes ». Surtout pour l’homme masculin qui se doit d’être fort pour les siens. Ils devient important de faire comprendre à tous la nécessité de consulter un psychologue. L’autre travail à faire, c’est de démystifier la vision que le commun des mortel a de la psychologie, car généralement on pense que ce sont les personnes déréglée, les fous qui doivent voir un psychologue

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