Etes-vous addict à votre travail ?
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On peut aimer son travail, aimer le faire bien et se donner à 100 % pour être toujours plus efficace. Mais quand on rentre chez soi, quand on est en week-end ou quand on part en vacances et que l’on vérifie son téléphone pour s’assurer d’un mail professionnel, pour reprendre un dossier un samedi après-midi ou faire un devis quand tout le monde essaie de faire la grasse matinée un dimanche matin, il est légitime de s’interroger sur l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
Cela peut en effet dissimuler une vraie addiction ou dépendance au travail. Celui qui est dépendant au travail est toujours préoccupé par ce qui a été fait, par ce qui est en cours de réalisation et ce qui reste à faire au travail et en dehors de son travail.
L’addiction au travail tend à se manifester davantage chez des personnes occupant des postes de responsabilité ou exerçant une activité indépendante. L’estime de soi et la confiance en soi sont dans une large mesure liées au besoin d’atteindre un haut niveau de performances professionnelles.
La personne touchée par la dépendance au travail ou ergomanie ( mieux connu sous l’anglicisme workaholisme ) se caractérise principalement par un effort de travail compulsif supérieur à la moyenne, une recherche excessive et dysfonctionnelle de la perfection et une pulsion à persévérer dans l’excès de travail, ce qui conduit progressivement à une réelle dépendance.
Le workaholisme comporte une composante comportementale (de longues heures consacrées au travail) et une composante psychologique (travailler compulsivement, être incapable de se détacher de son travail).
Les vrais workaholiques devraient être considérés comme malades et être traités (par des professionnels ou des groupes d’entraide) le plus tôt possible afin d’éviter notamment un épuisement professionnel.
Les spécialistes considèrent que le trouble évolue et peut dès lors se décliner en trois ou quatre stades :
Phase initiale
Le travail occupe une part de plus en plus importante de la vie de la personne (et empiète sur les loisirs et la vie privée). La personne se met à travailler en cachette de ses proches. Même pendant le temps libre restant, les pensées liées au travail prédominent. Les intérêts et obligations de nature privée sont de plus en plus négligés. Le partenaire et les enfants sont délaissés.
Phase critique
La personne tente de justifier l’empiétement exagérée du travail. Tous les espaces privés deviennent subordonnés au travail. Le temps consacré au travail n’est plus complètement maîtrisé et le plaisir qui y est lié disparaît. A ce niveau, les premiers symptômes d’épuisement apparaissent.
Phase chronique
Les tâches sont de plus en plus nombreuses et les charges sont recherchées. En raison du perfectionnisme, on voit toujours en soi la personne idéale à traiter. Toute la vie privée n’a plus de sens. Des dépressions sévères, de l’anxiété et des troubles cardiovasculaires peuvent survenir.
Phase de décompensation
Des séquelles pathologiques apparaissent. La personne commence à ressentir de gros problème par rapport à ce qu’elle voit comme sa performance. Le workaholique se sent de plus en plus incapable de travailler correctement. Un retentissement délétère global s’installe, touchant les sphères individuelle et sociale, avec des répercussions physiques (céphalées, troubles cardio-vasculaires…) et psychologiques (émoussements des affects, sentiment de dévalorisation, symptômes dépressifs…).
Ceci peut conduire à l’épuisement professionnel, avec le tableau clinique du burnout. Le workaholisme est donc considéré comme un facteur de risque de burnout, ce qui explique que le workaholisme est positivement relié avec les trois éléments caractéristiques du burnout : la dépersonnalisation, au cynisme et à l’épuisement émotionnel.
Il existe actuellement 3 tests d’autoévaluation psychométriques principaux pour l’évaluation du workaholisme : le WART (Work addiction risk test), le WorkBAT (Workaholism battery) et le DUWAS (Dutch work addiction scale). Prenez rdv ici pour faire le test et vérifier si vous êtes dépendant à votre travail via ce lien
Sources
- Didier Truchot, « Workaholisme ou l’ergomanie », dans Psychologie du Travail et des Organisations, Dunod, 13 avril 2016
- Malissa A. Clark, Jesse S. Michel, Ludmila Zhdanova et Shuang Y. Pui, « All Work and No Play? A Meta-Analytic Examination of the Correlates and Outcomes of Workaholism », Journal of Management, vol. 42, no 7, 1er novembre 2016, p. 1836–187
- Wikipedia